Viens, accompagne-moi, suggère Déméter en montrant le lac et sa berge couverte d’aulnes.
Il n’y a plus de bruit, le silence gagne le monde. Seul un vent léger souffle dans les feuillages et ride la surface de l’eau. Le temps s’étire, l’esprit vagabonde sur l’onde claire, c’est l’heure du repos bienfaiteur, des rêveries calmes. Sentir l’odeur aigre de l’herbe fraîche, écouter le doux crissement des branches, goûter la caresse de la lumière jaune. C’est un baptême pour les sens.
Demeter, avec ses nouvelles toiles, renouvelle profondément son écriture. Les peintures, de grand format, sont spectaculaires, elles s’imposent, frontales, puissantes, électriques. On est abasourdi par la force qui s’en dégage. Comme un coup de poing, le souffle d’une explosion. Les jaunes éclatent en d’innombrables miroitements, la toile se lézarde de noir, le fond, bleu ou blanc, irradie. Jamais Demeter n’a pas peint avec autant d’autorité, d’assurance, de liberté. C’est abstrait, presque graphique – les planches d’eau irisée, ondoyante, qu’elle a réalisées en parallèle à l’encre de chine, sont époustouflantes de rythme.
Adrien Homécourt. Novembre 2022